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Un an après le 7-Octobre, cet événement traumatique apparaît comme un tournant pour la politique étrangère d’Israël, comparable aux effets qu’a eus le 11-Septembre sur la diplomatie des Etats-Unis au début du XXIe siècle. Choquée par la violence de l’attaque du Hamas, la société israélienne a dérivé vers la droite et le gouvernement de Benyamin Nétanyahou n’est pas sans ressembler à l’administration de George W. Bush. Comme elle, il semble avoir pour ambition de répondre à la crise à Gaza par un remodelage de la région, en agissant sur les « sept fronts » qu’affronte son armée.
S’agissant de Gaza, où Yahya Sinouar [le chef du Hamas] vient d’être éliminé, les Israéliens écartent tout maintien du Hamas au pouvoir. Méfiants vis-à-vis d’un retour de l’Autorité palestinienne – dont les faiblesses sont connues – dans l’enclave, ils prétendent s’appuyer sur les notables locaux, dont certains ont déjà été visés par le mouvement islamiste. Le déploiement d’une opération de maintien de la paix, à dominante arabe, est évoqué, mais les Etats de la région ne se bousculent pas pour y participer. La droite dure israélienne évoque une recolonisation de Gaza, en tirant le bilan négatif du retrait de 2005.
En Cisjordanie, la coopération sécuritaire avec l’Autorité palestinienne et le royaume de Jordanie se poursuit peu ou prou, tout comme la colonisation. Alimentés par le trafic d’armes, dans lequel la pègre arabo-israélienne est active, les groupes palestiniens radicaux ont tenté d’émerger, mais les opérations militaires d’Israël dans les camps de réfugiés ont contenu la menace. Sur ce second « front », les perspectives sont plutôt le maintien du statu quo, même si un effondrement de l’Autorité palestinienne est toujours possible.
En revanche, les opérations en cours au Liban ont modifié le rapport de force avec le Hezbollah. Affaibli par l’affaire des bipeurs, l’assassinat de son chef historique [Hassan Nasrallah] et des bombardements massifs, le mouvement chiite traverse une période de doute. Les objectifs d’Israël ne sont pas clairs, mais le statu quo n’en fait pas partie. Pour certains, l’Etat hébreu cherche l’application des résolutions onusiennes 1553 (2004) sur le désarmement des milices et 1701 (2006) sur le retrait du Hezbollah de la « ligne bleue » séparant le Liban d’Israël. Pour d’autres, l’ambition est plus large : il s’agirait d’établir une nouvelle situation politique au Liban, au profit des chrétiens et des sunnites, écartant l’Iran du pays.
En Syrie, où l’influence de Téhéran est considérable, Israël n’a jamais cessé de bombarder les implantations militaires du régime, les lieux de production d’armes au profit du Hezbollah ou encore les bases des forces iraniennes. Mais l’Etat hébreu, qui s’est gardé d’intervenir dans la guerre civile qui a déchiré le pays après 2011, semblait s’accommoder du maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad, le « diable que l’on connaît ». Mais, sur ce « front » également, le 7-Octobre modifie les perspectives. Maher, frère de Bachar, a été visé par un tir israélien. Même si l’alternative au régime actuel ne se dessine pas très distinctement, l’idée que la Syrie constitue la base arrière du Hezbollah n’est plus acceptée par Israël. Une nouvelle situation politique devient un scénario envisageable.
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